Sex'ploration #11 : Le consentement, ça s'apprend !

nous-toutes-enquete-consentement

Salut à toi ❤️️

J’écris cet article parce qu’à 13 ans je n’étais pas capable de dire non et qu’à 25 ans il m’arrive encore de culpabiliser quand j’ose le faire.

J'écris car j'ai donc déjà dit oui sans en avoir envie.

Parfois je n'ai pas eu l'occasion de donner ou non mon consentement.

Et quelques fois mon refus n'a pas été respecté.

J'écris parce que je sais que je suis loin d'être la seule, que ces choses là sont courantes.

Pour que cela cesse, il faut parler encore et encore du consentement, avec nos amis, nos enfants, nos compagnes et compagnons.

 

Ne pas oser dire non

chut

Certaines personnes pensent encore que quand une femme dit "non" en fait elle veut dire "oui".

Je dirai que c'est plutôt l'inverse.

Quand une femme dit "oui", parfois elle n'en a pas vraiment envie.

On se laisse faire pour ne pas faire d'histoires, parce que notre partenaire insiste lourdement, parce qu’on a déjà dit non hier, parce qu'on ne veut pas passer pour une meuf chiante/frigide/coincée, parce qu'on veut être tranquille, parce qu'on est intimidé ou qu'on n'est pas en totale possession de nos moyens.

Dans sa vie, une femme sera TRES SOUVENT confrontée à ce genre de situation.

Pendant l’acte et après celui-ci, le malaise s'installe.

Qu’est-ce qui vient de se passer ?

Est-ce de ma faute si je me sens mal puisque je ne suis pas sorti.e de la pièce ?

L'ai-je cherché ?

Était-ce un viol ?

Une chose est sûre : ça n'était pas une partie de plaisir !

N.B. : Les femmes ne sont pas les seules à subir des violences sexuelles mais 98% des violeurs sont des hommes.

 

Les conséquences

consentement

Ces traumatismes, parfois répétitifs comme lorsqu'ils surviennent avec notre compagne ou compagnon, laissent des traces : dégoût, colère, peur, tristesse, honte, culpabilité…

Le désir peut devenir de plus en plus difficilement accessible : on ne sait plus quand on a vraiment envie.

Un mécanisme de protection s'installe alors lors des rapports sexuels : on pense à plein de choses, on n'est plus dans notre corps.

On devient insensible en se détachant de l'instant présent.

Lorsqu'on en prend conscience, il faudra des années, et souvent l'aide d’un.e professionnel.le et/ou d'un.e partenaire patient.e et compréhensif/ive, pour être à nouveau totalement présent.e.

 

Dire non et respecter un refus, ça s'apprend !

aprendre-le-consentement

Sauf que c'est rarement comme ça qu'on éduque les enfants.

Il faut faire des bisous à des adultes qu'on connait à peine, manger quand on n'a plus faim et prêter nos jouets même lorsqu'on n'en a pas envie.

On attend des petites filles en particuliers qu'elles soient gentilles et mignonnes, qu'elles nous fassent plaisir et qu'elles prennent soin des autres.

On nous apprend dès notre plus jeune âge à faire passer les besoins et envies des personnes qui nous entourent avant les nôtres.

Voilà pourquoi apprendre à s'écouter et à dire "non" peut prendre des années. C’est un long travail de déconstruction.

C’est la raison pour laquelle une loi pour le consentement sexuel à 13 ans me semble extrêmement dangereuse.

Il faut sensibiliser nos enfants dès le plus jeune âge à la question du consentement, en leur apprenant accepter un refus et à gérer la frustration qu’il engendre.

A lire aussi :

10 phrases pour aider les enfants à mettre en pratique la notion de consentement

 
 

L'importance de la sensibilisation

culture-du-viol

Il y a quelques années, j'ai participé à un festival de musique électronique en Auvergne, la Stone Moon. L'une des mes amies féministes qui faisait partie de l'organisation avait placardé un peu partout sur le site des affiches simples et ludiques qui expliquaient clairement ce qu'est le consentement.

Pendant ces soirées, l'alcool et la drogues aidant, les rapprochements physiques sont courants et arrivent parfois de manière soudaine et maladroite. Mais cette nuit là, les hommes avec lesquels j'ai dansé m'ont très poliment demandé si j'étais d'accord pour qu'ils m'embrassent. Je me suis sentie beaucoup plus en sécurité que lors d'autres évènement de ce genre.

En en discutant après la soirée, je me suis rendue compte que de simples affichettes avaient permis à des centaines de femmes de ne pas se faire embrasser par surprise, de ne pas se sentir agressées.

Au lieu d'essayer de protéger nos filles, on pourrait apprendre à nos garçons à les respecter.

Les viols commis par des inconnus dans une ruelle sombre existent. Mais il faut sortir du mythe hypocrite et rassurant du violeur sans visage, de l'étranger. Les prédateurs sexuels sont parmi nous. La plupart du temps, la victime connait son agresseur : un membre de la famille, un ami, un voisin, un collègue, un flirt, un.e amoureux/euse, quelqu'un.e en qui elle a confiance.

Pour abolir la culture du viol, il faut parler du consentement. En parler souvent et simplement.




warren-consentement

Dans l'épisode 19 de la saison 15 de Grey's Anatomy, Silent All These Years, Ben parle à son beau fils adolescent du consentement en des termes très concrets et facilement compréhensibles.

"- Quand on regarde un match à la télé, tu vois ils courent, se plaquent, se bagarrent, jusqu'à ce qu'un joueur soit blessé...ou que quelqu'un demande un temps mort. Et le match s'arrête, d'accord ? Et même s'ils s'amusaient bien avant, tout s'arrête immédiatement. C'est ça le consentement.

[...]

Ecoute, tu dois faire attention à la fille avec laquelle tu es. Tu dois te préoccuper de son bien-être, de ses émotions autant que des tiens pour que ça fonctionne. Et elle a le droit de changer d'avis, ça ne se discute pas. Tu vois, si elle dit stop ou si c'est vraiment pas ce qu'elle veut alors tu n'insistes pas. Stop. Temps mort. Fin de la partie.

- Oui je sais…

- Etre avec quelqu'un qu'on aime, il y a rien de tel. Et je veux que tu sois en sécurité et épanoui. Mais ça ne peut arriver que si elle l'est elle aussi.

- D'accord.

- Dis le !

- Si c'est pas ce qu'elle veut, j'insiste pas. Temps mort. Fin de la partie.

- Toujours."

consentement-tasse-de-thé

Si tu n’arrives pas à avoir cette conversation, tu peux montrer cette vidéo qui remplace le fait de vouloir du sexe par l'envie d'offrir une tasse de thé :

Consentement Tasse de thé

 

Pour que les choses soient claires

  • On a le droit de changer d'avis, à tout moment. On a le droit d'arrêter de faire pouic pouic en plein milieu même quand c'est nous qui avions proposé.

  • Aucun comportement ou vêtement ne justifie une agression sexuelle.

  • On ne se fait pas violer, on est violé. On se fait couper les cheveux, on se fait de l'argent mais on ne se fait pas violer. On est violé.

  • La seule personne responsable d'une agression sexuelle est l'agresseur.

  • Dire oui pour faire l'amour ne veut pas signifie pas qu'on est d'accord pour toutes les pratiques sexuelles : sexe oral, sodomie, ect... Avant d'initier un acte particulier, il faut en parler, il faut poser la question.

  • Toute pratique sexuelle faite par surprise ou sous la contrainte est une agression.

  • Quand on n'est pas sûr.e, on s'abstient. Quand on n'est pas certain.e d'en avoir envie ou que l'autre personne en ai envie, on ne va pas plus loin.

  • Quand une personne dort, est inconsciente ou est sous l'emprise de l'alcool et/ou de drogues, elle n'est pas capable de dire oui. Ca compte pour un non. Même si on a déjà eu des rapports consentis avec elle.

  • Dire oui une fois ne veut pas dire oui pour toutes les autres fois.

  • Toute pénétration non consentie est un viol.

  • "Non." est une phrase complète qui ne nécessite aucune justification.

sororite

Partage cet article pour faire passer le message !

Avec tout mon amour et mon soutien pour celles et ceux qui sont se reconstruisent pas à pas suite à des violences sexuelles ❤️️

Lune